Source : Jean-Michel Jakobowicz, ed. Leduc.s
Si la tétine calme le tout-petit les premiers mois de sa vie, c’est souvent toute une affaire pour qu’il la lâche en grandissant. Jean-Michel Jakobowicz, hypnothérapeute à Genève nous offre une séance d’hypnose sur mesure pour l’aider à s’en débarrasser en douceur.

Quand il était tout petit, cet accessoire magique a assuré la quiétude de la maison. Mais maintenant que l’enfant grandit, cela commence à faire mauvais genre quand il parle. Même si on n’a encore jamais vu un ado la mâchouiller, les parents se demandent souvent avec inquiétude si l’enfant va lâcher sa tétine un jour. Pourtant, la faire disparaître du jour au lendemain n’est pas la solution.

Certains parents sont tentés de la donner au Père-Noël ou de fixer une date butoir. « Ce serait une solution trop brutale qui ne serait pas bonne pour l’équilibre de l’enfant », prévient Jean-Michel Jakobowicz, hypnothérapeute et auteur de hypnose douce pour vos enfants (ed. Leduc.s). L’hypnose permet de préparer l’enfant en douceur afin qu’il la lâche de lui-même.

Quand s’y mettre ?
Tout dépend de l’enfant et des parents. « A partir de 3 ans, à l’entrée à l’école maternelle, le petit peut commencer à travailler là-dessus », note Jean Michel Jakobowicz. Mais certains seront prêts plus tôt et d’autres plus tard.

Comment faire ?
Pour réaliser une séance d’hypnose, pas besoin d’avoir décroché un master en hypnothérapie. On utilise tout simplement l’histoire du soir, moment privilégié de partage entre le parent et l’enfant. Dans la chambre, l’atmosphère est paisible, l’enfant est déjà dans un demi sommeil à l’écoute de la voix douce et rassurante de son parent. Tous ces éléments sont propices à une séance d’hypnose.

C’est efficace au bout de combien de temps ?
Cette histoire peut être racontée plusieurs jours, plusieurs semaines d’affilée (les enfants ne se lassent pas d’écouter les mêmes histoires). « Pendant ce temps, l’abandon symbolique de la tétine fait son petit bonhomme de chemin dans la tête de l’enfant, explique l’hypnothérapeute. L’hypnose peut fonctionner sur tous les enfants, mais ce n’est pas une baguette magique. On presse sur des boutons, on tâtonne et on finit par trouver la bonne formule. »

Comment inventer une histoire hypnotique ?
Chacun peut inventer sa propre histoire.
– Les mots clés que l’on peut utiliser : Grandir / Se débarrasser de quelque chose / La douceur / La tendresse / La sécurité.
– Un exemple de trame à suivre : Un enfant jette sa tétine dans l’eau pour la donner à un cygne / aux canards / aux poissons.
– Au début de l’histoire, on dit à l’enfant de fermer les yeux et les mains trois fois, ça lui permet d’être acteur. Attention les plus petits peuvent avoir du mal à fermer les yeux, à adapter aux capacités de l’enfant.
Voici un exemple qu’on peut lui raconter.

Votre séance d’hypnose : Le cygne et la plume magique
Aujourd’hui, j’aimerais te parler d’un petit garçon qui s’appelle Théo. Il habite au bord d’un lac.

Tu as envie de le rencontrer ? Pour cela, rien de plus facile. Tu n’as qu’à fermer tes yeux et tes mains trois fois de suite. Attention : ferme les yeux, ferme les mains, une fois ; ferme les yeux, ferme les mains, deux fois ; ferme les yeux, ferme les mains, trois fois. Très bien, très très bien. Tu peux garder les yeux fermés ou les ouvrir, comme tu veux.
Maintenant tu respires bien fort.

Ça y est ! Nous sommes sur le bord du lac. Le petit Théo se promène le long de l’eau. Il a une tétine. Il l’aime beaucoup sa tétine, c’est son amie.

Une maman cygne l’observe. Elle vient tout juste de donner naissance à un bébé cygne. Recouvert d’un fin duvet gris, il est si petit, si fragile.

La maman cygne demande au garçon : « Veux-tu me donner ta tétine ? C’est pour mon petit bébé. Il aimerait bien en avoir une comme toi pour se rassurer. »
Bien sûr, le petit garçon ne veut pas donner sa tétine. Quand il rentre à la maison, il réfléchit. Il se dit qu’il l’aime bien sa tétine, qu’il en a encore besoin.

Le lendemain, il retourne près du lac et il retrouve la maman cygne.
Elle lui dit : « Est-ce que tu veux bien me donner ta tétine pour mon bébé ? En échange, je te donnerais une plume magique ».

Théo aimerait bien avoir une plume magique. Mais voilà, il l’aime bien sa tétine et n’a aucune envie de lui donner. Elle est toujours là pour le consoler la nuit, quand il se sent seul.

Il rentre chez lui. Il réfléchit. Il se dit qu’avec cette plume magique, il pourrait faire beaucoup de choses. Grimper en haut d’une colline, monter sur un cheval et partir au galop, voguer sur les flots à bord d’un bateau pirate. Partir à la découverte du monde comme un grand.

Peut-être qu’il n’en a plus besoin, de sa tétine. Alors que le petit cygne, lui, il est tout petit et il serait tellement content de l’avoir pour s’endormir le soir.

Alors le lendemain, Théo revient au bord du lac. Et la maman cygne est au rendez-vous. Il demande au cygne : « Tu es sûre que ta plume est bien magique ? »

La maman cygne lui répond : « Mais bien sûr qu’elle est magique. Mon amie la fée l’a touchée avec sa baguette et lui a donné plein de pouvoirs magiques. Et avec elle, tu pourras faire des choses extraordinaires. ».

Théo regarde le bébé cygne et il sourit. Il n’a plus peur maintenant. Il sait qu’avec cette plume, il pourra devenir un prince ou un pirate. Il pourra avoir des aventures comme les grands. En plus, il se rend bien compte qu’il n’a plus besoin de sa tétine.

Alors il la jette dans le lac. La maman cygne la donne à son bébé. Et en échange, la maman cygne lui donne la plume magique.

Théo est tout content. Il la met à son chapeau et repart à la maison, impatient de montrer la plume magique à ses copains.

A lire : Hypnose douce pour vos enfants, de Jean-Michel Jakobowicz, ed. Leduc.s

Source: papapositive.fr

Les neuroscientifiques ont démontré que la verbalisation d’une émotion permettait de calmer l’amygdale et le système limbique dans le cerveau. Ceci a pour effet de diminuer l’intensité de l’émotion et de la laisser partir.

Le problème est que le cerveau des enfants est immature et fragile et qu’ils ne possèdent pas forcément les capacités de verbaliser leurs émotions (identification, vocabulaire)

Les tout-petits,eux, n’ont aucun recours interne pour calmer leur amygdale car leur cortex-préfontal, siège des fonctions supérieures du cerveau, est loin d’être opérationnel. Donc, le cortex préfrontal des enfants, c’est…les parents.

Un enfant a besoin de la présence et l’intervention d’un parent pour l’aider à traverser une émotion forte.

D’ailleurs, il s’agit plus que d’une aide puisque si un enfant ressent une forte émotion sans aucune assistance, les hormones du stress envahissent son cerveau, ce qui peut avoir pour effet de détruire des neurones…c’est donc plutôt violent. Quand la non-assistance est récurrente, c’est encore pire. L’enfant s’ »éteint ». Comme nous l’explique Catherine Gueguen :

« Il est très facile d’avoir un enfant sage. Il suffit dès tout petit de ne pas l’écouter, de ne pas l’entendre, de ne pas répondre à ses demandes. L’enfant saisit très vite que ce n’est pas la peine d’appeler, car personne ne vient. Il refoule ses émotions, une partie de lui s’éteint. Il ne saura plus qui il est, quels sont ses besoins et ne demandera plus rien. En grandissant, ses parents auront des difficultés à connaitre cet enfant qui s’exprime si peu.

Par contre, quand ses parents écoutent leur enfant, l’autorisent à exprimer ses émotions, ses besoins, l’enfant sera « plus difficile » les premiers temps car il manifestera ses émotions : ses peurs, ses tristesses, ses angoisses, ses colères. Il ne les refoulera pas. Mais il saura affirmer aussi son bonheur de vivre, son émerveillement, sa gaieté, sa curiosité. Il sera plein de vie et emplira la maison de sa présence joyeuse. Au fil des années, les parents auront beaucoup plus de facilité et de bonheur à élever cet enfant épanoui, confiant, qui exprime ce qu’il est, ses besoins, ses souhaits et avec qui un dialogue pourra s’établir quand il rencontrera des questionnements ou des difficultés. »(via « vivre heureux avec son enfant »)

Tout cela pour vous dire que les enfants ne font pas exprès de ne plus se contrôler en cas de tempête émotionnelle, leur cortex préfrontal est HS. C’est leur cerveau émotionnel qui est aux commandes avec des réactions très basiques : fuite, attaque, immobilité. Ils ont donc besoin de notre intervention. Nous sommes leur cortex préfrontal et nous aidons le leur à se reconnecter et à maturer. Plus nous les accompagnons avec amour et empathie, plus le développement est rapide. De plus, agir ainsi augmentera leur sociabilité car ils apprendront à mieux communiquer avec leur environnement humain.

Concrètement, devant un enfant qui ressent une grosse émotion, nous pouvons :

  • le prendre dans nos bras et le materner car cela provoquera la sécrétion d’ocytocine, une hormone apaisante.
  • se mettre à son niveau et lui dire « Je vois que tu ressens [citer l’émotion] » « Je comprends que tu sois triste » avec une voix calme. Cette reconnaissance émotionnelle est de l’empathie. Elle permet à l’enfant de se sentir écouté et soutenu. De plus, il acquiert ainsi progressivement le vocabulaire des émotions.Et surtout ne pas lui dire :« Arrête » ou encore « ça suffit » ou « c’est rien » ou lui crier dessus. C’est inutile et néfaste à son équilibre. (lire cet article sur les expressions anti-émotion)
  • Autre information à prendre en compte que l’on doit à Isabelle Filliozat : évitons aussi de demander « pourquoi … » un enfant car il peut se sentir coupable ou dévalorisé car cela sous-entend qu’une émotion n’est acceptable que s’il y a une raison valable, raison qui dépend d’un jugement extérieur (celui de la personne qui demande « pourquoi »).

    Attention :

    Les émotions sont contagieuses. Votre colère peut donc être absorbée par votre enfant et réciproquement. Veillons donc à penser à notre cortex préfrontal et gardons notre self-control (notre cerveau émotionnel régulé quoi).

    Une respiration profonde permet par exemple de rester serein. Voilà, on se connecte tranquillement à l’enfant et on l’aide à surfer sur la vague émotionnelle jusqu’à ce que le calme soit revenu.